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Un voyageur écolo peut-il décemment prendre l’avion ?

On a tous une sensibilité écologique. Mais que ce soit pour des raisons pratiques, économiques, et/ou pour optimiser son temps passé sur place, un voyageur écolo privilégiera le plus souvent l’avion. Alors plutôt que de faire l’autruche, je crève ici l’abcès pour que nous puissions tous prendre conscience des conséquences, et faire des choix en toute connaissance de cause. Nous les premiers !
Allez, reprenons tout depuis le début

C’est quoi le CO2 ?

Le dioxyde de carbone est un gaz incolore, inerte et non toxique. Il vit environ 100 ans dans l’atmosphère, et il est le principal gaz à effet de serre. C’est ce dernier point qu’on lui reproche.
Nous en dégageons en respirant, en roulant en voiture, en chauffant nos maisons, lors des éruptions volcaniques, des incendies de forêts… etc.

Ça fait quoi l’effet de serre ?

Les rayons du soleil réchauffent la surface de la Terre. Les deux tiers sont absorbés par notre planète et un tiers est renvoyé par réverbération vers l’espace. Parmi ce dernier tiers, une partie est piégée par une couche de gaz, et ce phénomène est appelé effet de serre. Sans cela, la température moyenne à la surface du globe ne serait pas de 15°C, mais -18°C !


Le gaz à effet de serre (GES) contribue à piéger les rayons réverbérés, et l’activité humaine accroit ce phénomène, notamment depuis l’ère industrielle.
Parmi les GES, il y a le CO2 donc, issu de la combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon) et de la biomasse (bois), mais également le méthane (connu dans les pets de vaches) et les gaz fluorés (dans les systèmes de réfrigérations).

En bref, le CO2 réchauffe la planète car il piège une partie des rayons du soleil qui devrait normalement repartir vers l’espace.

Et le protocole de Kyoto ?

En 1997, 38 pays industrialisés ont signé ce protocole visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, puis a été ratifié par 55 pays (concernant 55% de la production mondiale des GES). Signer un protocole veut dire être d’accord, le ratifier veut dire l’appliquer ! Les signataires sont gentils mais ils ne retroussent pas pour autant leurs manches !

Les États-Unis se sont retirés du protocole de Kyoto depuis 2001. Merci les mecs. Mais ce ne sont pas les seuls. Le Canada aussi s’est désisté. Et en France, a-t’on réduit nos émissions ? La réponse est oui ! Ce n’est peut être pas suffisant, mais c’est déjà un bon exemple qu’on envoie aux autres pays. D’après l’INSEE, entre 2000 et 2017, on est passé de 406 à 338 millions de tonnes dégagées. Sur 36 000 milliards de kg de CO2 dégagés chaque année dans le monde, la France est responsable de 1% quand même… Et parmi les plus gros « producteurs » de CO2 la Chine avec 10 milliards de kg et les USA avec 5 milliards.

Combien je dégage de CO2 en prenant un avion ?

On arrive au sujet qui fâche. Même pour un voyageur écolo, un Paris New York, c’est environ 430kg par passager (ce à quoi on rajoute environ 80kg dû à la production et à la distribution du carburant en amont). En gros, un peu plus d’une tonne pour l’aller retour. A titre de comparaison, une tonne c’est un an de chauffage pour une personne, ou 5 000km d’une voiture.

Nous avec Snooze Again, on a pris l’avion trois fois hors Europe en 2018 pour visiter l’Égypte, la Réunion et Hong Kong, ce qui représente plus de 10 tonnes de CO2.

Le trafic aérien représente 3% des émissions de CO2 mondial. En 2016, le trafic aérien français a dégagé 20 millions de tonnes de CO2. Alors on privilégie la voiture ? Le train ? Le vélo ?

Le vélo, évidemment, est le moyen de transport à favoriser pour tout voyageur écolo qui se respecte. Et si l’on rapporte le dégagement de CO2 au km selon les moyens de transport, le rapport est vite vu, selon l’agence européenne de l’environnement :

  • 14 g de CO2/passager/km pour le train
  • 55 g de CO2/passager/km pour une voiture moyenne
  • 68 g de CO2/passager/km pour un bus
  • 72 g de CO2/passager/km pour un deux roue motorisé
  • 285 g de CO2/passager/km pour un avion

Attention : il faut prendre ces chiffres avec précautions car ils sont calculés avec un taux de remplissage complet (4 passagers dans une voiture par exemple). Si on roule seul dans sa voiture, on arrive quasiment au même taux que l’avion ! Voilà, ça c’est dit. On peut aussi rajouter qu’il n’y a pas d’embouteillage aérien (ou du moins pas comparables aux bouchons du périph).

Jean-Marc Jancovici (ingénieur spécialiste des questions énergétiques et climatiques) recommande ainsi de ne pas prendre l’avion plus d’une fois par an pour ne pas dépasser le « droit maximal à émettre du CO2 sur une année. » On parle de deux tonnes par personne.

Il existe des calculateurs, ou simulateurs pour se situer vis à vis de ces 2 tonnes. Il y a de grandes chances que, tout comme nous, vous creviez le plafond. Le plus important est d’en prendre conscience et d’essayer d’améliorer le résultat d’année en année. Les estimations les plus récentes considèrent que chaque année un français émet entre 10.6 et 12.8 tonnes de CO2. J’ai fait l’essai, je suis à 15,5 tonnes (merci à mon régime végétarien qui me fait économiser 1,5 tonnes), mais je suis déjà au dessus de la moyenne.

Si on replante des arbres, on absorbe le CO2 ?

Si l’on considère qu’un arbre stocke 35 kg de CO2 par an (ce qui est une fourchette plutôt élevée), alors pour compenser la pollution annuelle d’un seul français, il faudrait planter près de 360 arbres. Un par jour en quelque sorte.

Et sinon, la taxe carbone ?

C’est une taxe qui vise les émissions de dioxyde de carbone. Sur le pétrole par exemple. En gros, on fait payer les pollueurs à hauteur de leur pollution, afin de les inciter à changer de comportement. Les recettes de cette taxe sont utilisées par les pays selon leurs choix. Certains reversent les recettes au budget général, d’autres financent des programmes de transition énergétique En France, le montant est d’environ 9 milliards d’euros en 2018. Bim..

Alors qu’est-ce qu’on fait ?

On prend conscience, on réfléchit, et on réagit en commentaire.

10 Commentaires

  1. La question subsidiaire: est-ce écolo de voyager en avion LOIN, au lieu de voyager pas loin? Nos grands parents prenaient le train/le bateau/la voiture pour rester dans une zone géographique « proche » pour nos standards d’aujourd’hui. Pour eux, cela pouvait déjà être une aventure « lointaine ».
    Est-ce qu’on a pas perdu le sens des distances à cause de l’avion (qui est devenu plus rapide et plus abordable au niveau prix?)

    et sinon… la dernière photo… 🙂

  2. Snooze Again Snooze Again

    Depuis que l’on vit en Aveyron, on apprécie la rando au bout du village comme les découvertes du département d’à côté. Tu peux remarquer que la rubrique « France » s’est beaucoup enrichie récemment ! Mais le lointain est peut être plus exotique dans l’imaginaire ? On quitte un climat, une langue, des habitudes, un confort… Et je pense que nos grands parents pouvaient prendre un bateau pendant 3 mois pour rejoindre le Mexique, pas pour des vacances mais si le travail les appelait là bas. Aujourd’hui tout est instantané. Si l’hyperloop se démocratise, on ira passer un week end à Bangkok probablement.

    Et sinon la dernière photo, on l’a prise la veille de notre départ pour le long voyage Japon/Nouvelle Zélande/Philippines/Hong Kong ! Le blog venait de naitre 😉

  3. Martine et Rodolphe PETIT Martine et Rodolphe PETIT

    BRAVO Vanille et Olivier !

    Cette analyse objective est une belle façon de partager autour de ce débat.
    Nous (Martine et moi) sommes bien conscients que nous (TOUS) payons aujourd’hui les abus de quelques uns.
    Si les compagnies aériennes cessaient de vendre des billets low cost qui enlèvent tout sens, toute valeur « philosophiques » à NOS voyages;
    Si les « quelques un(e)s » cessaient de prendre l’avion de façon abusive (pour un RDV d’affaire à l’autre bout du monde, pour un WE en amoureux, etc…);
    Si le kérozène était taxé, comme toutes les énergies fossiles devraient l’être…

    Nous n’en serions pas là aujourd’hui !

    Chacun pourrait voyager une à 2 fois par an, sans se culpabiliser;
    Nous pourrions TOUS profiter des beautés exotiques de notre merveilleuse planète;
    Nous pourrions rendre visite à nos enfants qui ont choisi de vivre loin;
    Comme nous avons envie de cela, de ces belles rencontres, de ces retrouvailles, de tant de Beautés et d’émotions, NOUS AUSSI !
    Malheureusement, parce que notre monde manque cruellement de SOLIDARITE, nous nous interdisons ces merveilles.
    L’égoïsme de quelques uns conduit l’Humanité à sa perte et nous prive des ses plaisirs là.
    C’est cela qui est injuste et terrible !

    Ce ne sont pas vos Beaux voyages, éthiques et réfléchis, qui posent problèmes…

    Ce sont tous ces voyages totalement inutiles et irréfléchis (un WE à des milliers de kilomètres, un aller-retour dans la journée pour un RDV d’affaire, un tour du monde en 21 jours (vu sur le net, à 4000 euros!!!), un match ou un concert à l’autre bout du monde… Tant de destinations ou le prix du déplacement à perdu tout sens (il est même devenu gratuit pour certains voyages « tout compris »).

    Nous souhaitons pouvoir continuer à voyager à travers vous.
    Continuer de regarder les beautés de NOTRE si merveilleuse planète à travers votre Beau regard.
    Voir le monde par vos magnifiques partages et photographies.
    Pour cela, il nous faut continuer à débattre et a nous battre pour changer le monde.
    Le rendre plus juste, plus éthique, plus équitable.
    Faire prendre conscience aux « quelques uns » qui voyagent de façon totalement irrationnelle qu’ils ne peuvent plus continuer ainsi…
    Qu’ils ne le doivent plus !
    Nous pouvons aussi compenser, par nos modes de vie et de déplacements du quotidien, ces « débordements » en CO² de nos 1 ou 2 voyages annuels…

    Votre prise de conscience est Belle. Le débat est légitime. L’ACTION est indispensable !
    Alors débattons, militons… mais AGISSONS !

    MERCI à vous 2 et… continuer de nous faire rêver !

    Rodolphe.

  4. Un bien bel article qui met effectivement le doigt là où ça fait mal.

    Alors qu’est-ce qu’on fait une fois qu’on a réfléchi ? On essaye d’être cohérents avec nos convictions et on arrête de voyager loin ? Malheureusement, j’ai l’impression que c’est pas ça qui va faire diminuer le nombre d’avions dans le ciel. Parce que c’est bien de raisonner en terme d’émissions individuelles mais ce qui compte vraiment, ce sont les émissions globales. Que je sois dedans ou pas, qu’il soit rempli ou pas, l’avion brulera (à quelque chose près) la même quantité de kérosène. Et dans le monde de la croissance infinie, tout doit toujours augmenter, même le trafic aérien…

    Sinon, un autre truc qui compte pour 2 à 3% des rejets de CO2, c’est l’internet. Du coup, quand on est blogueurs voyage… On cumule un peu les tares, non ?

  5. Snooze Again Snooze Again

    Merci Mathieu pour ton commentaire.
    Je pense qu’une première action une fois que l’on a pris conscience est de limiter notre impact. Prendre moins souvent l’avion, compenser le CO2 émis, ou opter pour d’autres moyens de transport sont des exemples.
    L’avion décolle avec ou sans toi, mais la compagnie réduira ses rotations si les clients manquent, il y aura donc moins d’avion dans le ciel. Les lignes de chaque compagnie changent chaque année (voir plusieurs fois par an), alors limiter ses déplacements aura probablement une incidence sur le trafic aérien. En tout cas ça vaut le coup d’essayer.
    Et oui on cumule, mais un journaliste de presse écrite a une problématique similaire. On dégage du CO2 en permanence, même en respirant ! Pourquoi pas réfléchir à une manière de compenser nos émissions liées au stockage d’information web ? C’est une bonne idée, tu te lances ? 🙂

  6. Snooze Again Snooze Again

    Un grand MERCI Rodolphe pour ce beau et long commentaire.

    Les sacrifices auxquels vous vous astreignez sont honorables, et nous savons que lorsqu’on agit avec conviction, nos décisions font sens et le sentiment de frustration s’estompe au profit de la fierté et de la joie.
    Nous te rejoignons également sur le fait que si certaines décisions politiques étaient (enfin) prises – au détriment de cette satanée croissance – cela régulerait certainement nos modes de vie et de consommation.

    Alors, si nos souvenirs d’Ailleurs vous permettent de continuer à vous évader, ce blog prend tout son sens, et c’est un magnifique compliment que tu nous fais.

    On se rend compte aussi que le voyage se retrouve parfois chez le voisin, à travers des habitudes et des cultures différentes, et grâce à des légendes et des histoires racontées au coin d’un feu, les évasion sont garanties.
    Ainsi l’aventure ne sera plus spatiale, elle sera humaine.

    On vous embrasse tous les deux,
    Vanille & Olivier

  7. Ju Biscotte Ju Biscotte

    Aïe… LE sujet qui fâche et qui met le voyageur face à ses propres contradictions! Je peux émettre un doute? 🙂 Est-ce que le pollueur est vraiment taxé à hauteur de sa pollution? Quand on voit un vol low coast pour une capitale européenne moins cher qu’un plein d’essence pour un véhicule?

  8. Francisco Francisco

    Enfin un article sensé et réfléchi, vous avez fait un boulot incroyable en l’écrivant.

    C’est clair que si on prend l’avion pour aller passer un weekend a Barcelone, c’est inutile, on peut prendre le train ou aller quelque part d’autre. Mais si on le prend pour aller faire un voyage une fois par an, pour visiter une nouvelle culture ou aller visiter sa famille qui habite dans un pays lointain, ou qu’on veut émigrer dans un autre pays (a plus de 2000 km quand même, sinon on peut facilement prendre le train par ex), cela fera donc un grand voyage qui va polluer, mais c’est une fois sur un an. C’est un voyage réfléchi et pas une décision prise sur un coup de tete.
    Ensuite je ne comprends pas toute cette haine envers le secteur de l’aviation. Certes il pollue mais c’est pas le seul et pas le plus polluant et je pense que c’est l’un des secteurs du transport qui fait le plus d’efforts en termes d’écologie. C’est pas en culpabilisant les gens qu’on va faire bouger les choses.

    Plus généralement, je trouve que le problème aujourd’hui, c’est pas le fait de prendre l’avion ou pas, le fait de manger de la viande ou pas, etc, mais le problème c’est la quantité de ce qu’on consomme. C’est pas la substance mais la quantité qui fait le poison. Il faut consommer raisonnablement et de demander si ce que je compte acheter est vraiment utile.

  9. Snooze Again Snooze Again

    Merci Francisco pour ton commentaire ! Chacun trouve midi à sa porte, nous ne sommes pas pour l’écologie punitive mais plutôt pédagogique, et je suis d’accord avec toi pour dire que les constructeurs d’avion font des efforts de R&D pour développer l’avion propre. « Destination 2050 » est un consortium qui travaille dessus et nous encourageons cette initiative ! Le voyage, la rencontre, l’échange et la découverte sont des valeurs trop importantes pour qu’on abandonne le voyage, mais voyageons intelligemment (et proprement) !

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