Facteur de profession, Ferdinand Cheval rêve pendant sa tournée quotidienne de 33 kilomètres. Au gré des cartes postales et des magazines qu’il distribue inlassablement pendant toute sa carrière, il rêve d’un monument imaginaire. Un jour, trébuchant sur une pierre singulière et inspirante, il la ramasse et en fait la « pierre d’achoppement ». Sa forme, modelée par le temps et les eaux, lui inspire la construction du palais qu’il imagine depuis longtemps. 33 ans seront nécessaire pour achever cet extraordinaire construction en solitaire. Aujourd’hui célèbre et, à l’époque de Malraux classé Monument Historique, le palais idéal du facteur Cheval était à l’époque (fin 19ème) un projet fantasmagorique d’un pauvre fou ramassant des cailloux sur son chemin.
Comment décrire l’ambiance et le monument en arrivant sur le site. Tout d’abord, étant un peu perdu dans la Drôme, nous nous attendions à quelque chose de plus confidentiel, dans un petit village, et la réputation du lieu ne nous paraissait que local. Que nenni ! L’endroit est bien balisé pour les automobilistes, un parking est prévu à quelques dizaines de mètres de l’entrée et l’itinéraire nous fait passer par la rue des commerces (restaurants, boutiques touristiques…). L’entrée se fait comme dans un musée, sans avoir jeté un oeil, même de loin, à la création de l’artiste.
Passé ce stade, et l’entrée acquittée, à peine je descends quelques marches que j’entends Vanille derrière moi souffler un « ouahhhh ». Devant nous, un monument gigantesque (toute proportion gardée) : il mesure 12 mètres de haut sur 26 mètres de longueurs. Il y a du monde, mais pas tant que ça, et surtout, nous sommes émerveillés par les enfants qui courent partout, tout à fait ravis de visiter un lieu qui leur parle, emplis de leur imaginaire, à l’inverse de ce que l’architecture classique nous réserve habituellement. Malraux en parle comme le « seul représentant en architecture de l’art naïf ».
Visiblement, le facteur n’est pas architecte. Il a été boulanger pendant 12 ans, alors a-t-il appris à pétrir le ciment comme on pétrit le pain ? Peu importe ses qualifications, c’est un bâtisseur, et son oeuvre est grandiose. Sa fidèle brouette a ramené les pierres nécessaires à la construction de l’édifice, car les poches du facteur étaient trop petites pour charrier ces tonnes de pierres et de coquillages.
Et pour le citer : « c’est aussi l’enseignement qui en ressort et qui se traduit ainsi : vouloir, c’est pouvoir ». A méditer !
Une petite perle ce palais. Et le point de départ pour continuer à visiter les merveilles de la Drôme. La vie y est douce. Les tilleuls et les lavandes parfument ses villages. Bref, faut y aller !