Je pars seule, je rejoindrai un groupe de marcheurs sur place. Besoin d’une parenthèse sportive au milieu d’une nature brute et ciselée. Envie de Cap-Vert.

Le programme est aussi simple qu’enivrant : marcher et dormir chez l’habitant sur le toit de leurs maisons, à la belle étoile.
Je suis à peine arrivée que l’aventure commence déjà : je découvre que mes bâtons de marche ont décidé de continuer le périple en restant dans l’avion. Je ne les récupérerai que le dernier jour. Good timing !
Notre petit groupe se constitue, nous serons sept. Je forme avec notre guide Suzanne (dite Sou) la quote-part féminine du clan. Entre deux frères, deux amis, un habitué des circuits de randonnée, la convivialité s’installe d’emblée et la joyeuse bande est en marche.

Premier soir à Mindelo sur l’île de São Vicente, l’ambiance s’annonce : un vent léger et chaud, une douceur de vivre, des musiciens aux rythmes envoutants, une plage superbe accueillant un terrain de football, espace incontournable du moindre village perdu dans la montagne comme nous le verrons plus tard.

Le lendemain, après une bonne heure de traversée houleuse, nous atterrissons sur l’île de Santo Antão, petite terre volcanique dont les montagnes arides puis végétalisées sont les écrins de petits villages colorés.

Que le trek commence !
La marche permet l’immersion totale au coeur des populations, les rencontres sont directes. Pas de voitures pour nous séparer les uns des autres.
Ici, peu de route. Les gens marchent beaucoup, notamment les enfants qui font de longs kilomètres pour rejoindre leur école. Sou me raconte qu’ils ne comprennent pas ces touristes qui partent marcher loin de chez eux. Au Cap-Vert la marche n’est ni un sport, ni un loisir. C’est une nécessité.

Après quelques heures de marche, nous arrivons au petit village d’Alto Mira. Le contact est immédiat, les enfants sont beaux, rieurs et adorent prendre la pause devant l’appareil photo.

Alto Mira – Santo Antão – Cap-Vert
Ils sont curieux et excités par notre visite, on essaie de communiquer : il savent dire de façon scolaire « bonjour madame » on éclate de rire, on se comprend.

Pendant ce temps, les hommes jouent, imperturbables, à l’awalé local, l’ourri.

Après une nuit fraiche à l’air libre, réveil à l’aube. On fait un brin de toilette, on enfile ses chaussures, on range matelas et duvets, et on repart !
On découvre l’agriculture à flanc de montagne, on passe dans des hameaux de trois maisons plus ou moins terminées, mais les enfants sont là, toujours joueurs, même avec de simples bidons.

Nous dormirons ce soir dans l’école du petit village de Lagoa.

Comme tous les soirs, sitôt les hommes rentrés des champs, une partie de foot endiablée métamorphose ce petit village paisible dans une ambiance débridée !
Ils y mettent leur coeur et leur âme, et, même après une journée de labeur, ils donnent tout. On joue les supporters avec grand plaisir, le niveau technique est incroyable, le spectacle est grand.

Les deux frangins de ma bande osent la confrontation !

Une fois installés pour la nuit dans la salle de classe, Sou s’improvise maitresse d’école et nous donne un cours de créole de son pays.


Au fur et à mesure de notre avancée, les montagnes auparavant arides se couvrent d’un petit duvet végétal.

Les chemins construits à la main, sont parfois éprouvants, mais le spectacle qui nous entoure nous émerveille.

Bientôt nous distinguons un petit hameau à flanc de montagne.
Sou s’arrête à mes côtés et me dit « regarde bien » : elle siffle entre ses doigts deux fois. Au loin, sur le toit d’une petite maison, arrive une silhouette dont on distingue le linge blanc qu’elle agite. Sou recommence à siffler, sept fois. Elle se tourne vers moi et me dit : « je viens de nous commander sept bières ».

L’arrivée à Ponta Do Sol, l’arrivée à l’océan.


Un homme me voit sortir d’une petite boutique avec un awalé fraichement acheté.
Il m’invite à m’installer à ses côtés afin d’entamer une partie. Puis il commence à s’animer et à m’expliquer les règles en créole, je n’y comprends rien. Je tente de jouer, me trompe, il continue de me noyer dans un flot de paroles incompréhensible. Heureusement un badaud vient à mon secours. A la fin de la partie (qui dure 2 minutes), mon professeur me tend la main, bon joueur et me dit dans un français parfait « il va falloir t’entrainer ! ».

Je n’oublierais jamais ce grand petit pays, la chaleur de ses habitants, leur humour, la beauté du décor.
Un jour c’est sûr, j’y retournerai.
